Lorsque nous avons mal au dos, nous pensons d’abord souffrir de notre colonne vertébrale et des vertèbres qui la composent. Si ce n’est pas le cas, nous pensons éventuellement à nos disques intervertébraux ou à l’arthrose. Pourtant, ni la vertèbre, ni le disque intervertébral, ni le cartilage articulaire atteint par l’arthrose ne peuvent nous faire souffrir. Voyons pourquoi. Il est l’heure de démonter quelques fausses vérités et de comprendre la relation entre l’arthrose et l’alimentation.
Cet article est proposé en collaboration avec Gilles Bacigalupo, masseur kinésithérapeute et auteur du livre Mal de dos, mal de bouffe.
Origine des maux
Les vérités fondamentales sont-elles vraiment des vérités ? Voyons cela de plus près.
- La vertèbre est un os. Un os ne peut faire mal que sous 3 conditions : une fracture, une infection ou une tumeur. Si aucune de ces conditions n’est présente, la douleur ne vient alors pas d’une vertèbre. D’ailleurs, nos vertèbres sont constituées pour pouvoir supporter des charges beaucoup plus importantes que celles que nous leur imposons au quotidien.
- Le disque intervertébral, l’amortisseur entre deux vertèbres, ne comporte aucun nerf sensitif. Aucune douleur ne peut être ressentie en provenance de cet organe. En revanche, une hernie discale peut entraîner, par la compression qu’elle exerce sur une racine nerveuse, une douleur le long du membre où descend le nerf issu de cette racine nerveuse. Ce n’est plus une douleur du dos mais une douleur d’un membre.
- L’arthrose atteint notre cartilage articulaire. Aucun nerf sensitif ne s’y trouve. Tous les anatomistes de la planète sont d’accord sur ce point. Les destructions cartilagineuses dues à l’arthrose sont donc totalement indolores. En revanche, les contractures musculaires, principales responsables de l’arthrose, peuvent être à l’origine du déclenchement de la douleur à partir d’un certain seuil de tension musculaire.
Voilà trois dogmes importants démontés ! À ce stade, il est important de démonter une quatrième fausse vérité.
- Presque toujours, le mal de dos ne provient ni d’un effort physique, ni du port de charges lourdes, ni du surpoids. Notre organisme a ses limites de résistance, mais celles-ci sont très hautes. Bien supérieures à ce que nous nous imaginons. Depuis plus d’un siècle, plusieurs centaines d’études scientifiques n’ont pu démontrer le moindre lien entre un effort physique ou un surpoids et le mal de dos ou l’arthrose. Pourtant, presque tous les médecins nous conseillent encore de perdre du poids lorsque nous avons de l’arthrose ou lorsque nous avons mal au dos ! Mais que peuvent-ils donc conseiller aux personnes maigres, pas si rares, qui souffrent de leur dos ou de l’arthrose ? Les efforts physiques et le surpoids ne sont que des petits facteurs révélateurs ou aggravants.
Détérioration du tissu graisseux
Mais alors, d’où peuvent bien venir ces deux fléaux que sont le mal de dos et l’arthrose ? Pour vérifier que le mal de dos et l’arthrose viennent de la détérioration de notre tissu graisseux, nous pouvons observer, de nous-mêmes, deux preuves objectives, incontestables et reproductibles :
- La queue du cochon : Catherine Kousmine, la célèbre nutritionniste, l’avait déjà constaté au milieu du siècle dernier. Elle le relate dans son livre « Sauvez votre corps ! » édité chez Robert Laffont en 1987 mais disponible aujourd’hui en livre de poche. Un cochon nourri avec des aliments crus qu’il trouverait dans la nature (glands, châtaignes, racines, fruits, baies, etc.) à l’instar du sanglier, n’a pas la queue en tire-bouchon mais présente une queue droite. En revanche, un cochon, nourri avec une bouillie de restes d’aliments cuits, présente la célèbre queue en tire-bouchon que nous croyons tous 100 % naturelle ! Pourtant, une queue en tire-bouchon c’est, ce que nous appelons en médecine humaine, une scoliose, c’est-à-dire une inclinaison combinée à une rotation des vertèbres. Une vertèbre est un os et un os ne peut bouger de lui-même. Pour qu’une vertèbre s’incline et se tourne, une activité des muscles de la colonne vertébrale est nécessaire. La contracture musculaire, provoquée par la mauvaise alimentation, est responsable de la position désaxée de la vertèbre. C’est la démonstration objective qu’une alimentation mal assimilée provoque une contracture musculaire. Nous pouvons vérifier ce fait en allant visiter un salon agricole. Cherchons les cochons qui ont la queue droite et interrogeons leurs éleveurs sur le type d’alimentation qu’ils leur donnent.
- La peau des bébés : dès l’âge de six semaines, un bébé nourri au biberon présente un tissu cutané adhérent, alors qu’un bébé nourri au lait maternel n’en présente pas. Vérifions ce fait à chaque fois que nous rencontrons un bébé en faisant un léger pli en haut de sa cuisse. Il n’est pas nécessaire de faire pleurer le chérubin en le pinçant fort ! Si nous constatons le phénomène de peau d’orange bien connu dans la cellulite, nous pouvons être presque certains que ce bébé est nourri au biberon. C’est la démonstration objective qu’une alimentation mal assimilée, ce qui est le cas du lait de biberon même lorsqu’on le qualifie de « maternisé », provoque une détérioration du tissu graisseux.
Rôle des organes dans le mal de dos
Pour déclencher un mal de dos ou développer une arthrose, il faut 5 organes qui participent à la boucle de la contracture et 2 organes qui participent à la boucle de la douleur :
Boucle de la contracture
L’adipocyte ou cellule graisseuse se situe dans notre hypoderme, la couche la plus profonde de notre peau, en contact avec le fascia (l’enveloppe de nos organes et de nos muscles en particulier). À cause d’une alimentation mal assimilée, l’adipocyte devient dur et adhérent. Il exerce une pression mécanique sur des terminaisons nerveuses, les corpuscules de Pacini ou de Ruffini. Ces dernières envoient alors des messages vers la moelle épinière pour l’informer de cet état de tension anormale. La moelle épinière adresse en réponse un ordre de contraction aux muscles de la zone d’où proviennent les messages. C’est un principe de précaution : il y a une alerte, on bloque la zone concernée. Lorsque nos cellules graisseuses sont devenues dures et adhérentes, elles sont, par définition, immobiles. La pression qu’elles exercent sur nos terminaisons nerveuses est permanente et la réponse de la moelle épinière est, elle aussi, permanente. La contraction musculaire du début cède très vite la place à une contracture. C’est-à-dire que l’état de tension musculaire est permanent, jour et nuit. La contracture musculaire exerce une pression qui écrase les artères nourricières du muscle, qui se trouvent au cœur du corps musculaire, et entraîne un affaiblissement de ce muscle par insuffisance de nutriments. La boucle de la contracture est une boucle nerveuse périphérique, qui ne passe pas par le cerveau. Elle est, de ce fait, totalement indolore. Et, pourtant, nous souffrons car la boucle de la contracture engendre la boucle de la douleur.
Boucle de la douleur
Dans le tendon du muscle mis en tension par la boucle de la contracture se trouve l’organe tendineux de Golgi. Il s’agit d’un nerf sensible à la tension. À partir d’un certain seuil de tension, il envoie à la moelle épinière un message l’informant de cet état de tension excessive dans le muscle où il se trouve. La moelle épinière transmet alors ce message au cerveau qui décide ou non, en fonction de l’intensité du message, le déclenchement de la douleur. La douleur est une alarme que nous adresse notre organisme pour nous prévenir d’un état de tension exagéré. La douleur est notre alliée. À ce stade, si nous nous précipitons sur les antalgiques sans essayer de comprendre d’où provient réellement cette douleur, c’est comme s’il y avait le feu à notre maison et que, au lieu d’appeler les pompiers, nous coupions l’alarme !
Comment apparaît l’arthrose ?
La contracture musculaire jour et nuit produit une contrainte permanente sur le cartilage articulaire. La pression nocturne du cartilage articulaire, au moment même où le cartilage doit se régénérer, affaiblit son processus de reconstruction. L’usure du cartilage apparaît alors. Mais l’érosion articulaire est une loi physique. Tout mécanisme est soumis à cette loi. L’arthrose n’est donc pas une usure du cartilage mais un déficit de régénération de ce dernier. À ce stade, notre héritage génétique favorise ou non la détérioration de notre cartilage. L’arthrose n’est pas une maladie rhumatismale, encore moins une maladie génétique, mais une maladie alimentaire.
Solutions à court terme
- L’ostéopathie : elle permet, lorsqu’elle est douce, de débloquer certaines zones adhérentes. Même si les premières séances de manipulations vigoureuses nous semblent miraculeuses, évitons les ostéopathes qui font systématiquement « craquer » car la violence de la manœuvre semble aggraver les phénomènes d’adhérences à long terme.
- Les anti-douleurs naturels : certains compléments alimentaires sont efficaces pour soulager la douleur. Les plus connus : la boswellia et l’harpagophytum, des plantes médicinales anti-inflammatoires et analgésiques qui apaisent les douleurs articulaires, musculaires et tendineuses. Le curcuma est également souvent utilisé dans ce but. Leur association est d’ailleurs régulièrement très appréciée. Toutefois, rappelez-vous qu’il est conseillé de solutionner la cause des maux plutôt que de « couper l’alarme de la douleur ».
- Le massage palper-rouler profond manuel : c’est un pli cutané profond poussé par les pouces qui permet de décoller les adhérences graisseuses profondes. La manœuvre est douloureuse lorsqu’il y a des adhérences, mais la douleur est toujours bien supportée car elle est ressentie comme libératrice. Le lendemain de la première séance, nous ressentons la zone massée comme si il y avait un bleu. Mais si le massage a été bien effectué en profondeur, il n’y a pas d’ecchymose. Paradoxalement, un palper-rouler qui fait des bleus est un massage qui n’a pas été assez profond et qui a lésé les vaisseaux capillaires du derme. Dans l’hypoderme, là où doit s’exercer un bon palper-rouler, les vaisseaux sont plus résistants. Parfois, après quelques séances de massage, une autre douleur apparaît. C’est le signe que la première zone traitée a été libérée et que la pathologie de détérioration de nos graisses est générale.
Solutions à long terme
Alimentation
- La mastication consciencieuse : la mastication remplit trois fonctions importantes dans notre alimentation. Tout d’abord, la pré-digestion de certains aliments, les céréales en particulier. La ptyaline, l’enzyme qui se trouve dans notre salive, prépare les amidons à une digestion complète. Ensuite, grâce à nos papilles gustatives, la reconnaissance est faite du type d’aliments que nous sommes en train de mastiquer. Le système nerveux de notre tube digestif en est informé pour qu’il fasse préparer les bons enzymes pour nous permettre d’assimiler parfaitement ces aliments. Enfin, la reconnaissance des aliments permet la comptabilisation de ce que nous absorbons. Lorsque notre cerveau a reçu tous les aliments dont il a besoin, il nous donne la satiété, la vraie satiété, c’est-à-dire celle de notre bouche et non pas celle de notre ventre. Les aliments ont moins de goût, sont moins agréables et nous arrêtons de manger non pas par héroïsme mais par diminution du plaisir de manger.
- Les graisses extraites à froid crues : nous fabriquons les graisses de notre organisme avec les graisses que nous consommons. Nous ne pouvons pas fabriquer beaucoup de graisses avec les choux et les navets ! Si nous désirons doter notre organisme de graisses de très bonne qualité, c’est-à-dire fluides, consommons des matières grasses elles-mêmes de première qualité : des huiles végétales bio extraites à froid ou première pression à froid. Vérifions bien que l’une ou l’autre de ces deux formules soit bien imprimée sur l’étiquette. Une huile chauffée lors de sa fabrication ou lors de la préparation culinaire n’est plus reconnue par notre organisme et sera mal assimilée. Cette mauvaise assimilation participe à la détérioration de nos graisses. Bonne pratique : l’huile végétale arrive non pas dans la poêle mais dans l’assiette au moment de déguster.
- Les 4 modes de cuisson : puisque nous ne pouvons pas mettre de graisse dans notre préparation culinaire, utilisons l’un des quatre modes de cuisson sans matière grasse : la vapeur douce, l’étouffée, la papillote ou le bouillon. L’huile arrivera avec son délicieux parfum dans notre assiette.
- Manger de tout, un peu et le plus naturel possible : l’équilibre alimentaire vient de la diversité des apports. N’hésitons donc pas à varier nos aliments. Dégustons des produits bruts, régionaux et de saison. Mastiquons consciencieusement pour limiter les quantités, sans privation. Cuisinons en respectant les aliments. Consommons-les le plus souvent crus ou « al dente » si nous les cuisons.
Activité physique
Pour nous débarrasser de nos graisses adhérentes avec le sport ou toute autre activité physique, nous devons d’abord consommer nos bonnes graisses fluides car notre organisme fonctionne à l’économie et utilise en premier lieu nos graisses fluides. Il nous faut pratiquer plusieurs heures par jour d’un sport intensif pour obtenir un résultat. Si nous aimons l’effort physique ce n’est pas un problème, mais si c’est pour nous torturer et abandonner toute activité ensuite, c’est plutôt raté… Précisons que, contrairement à ce que nous pouvons lire ou entendre souvent, nous ne « brûlons » pas nos graisses. Il n’y a aucune combustion. Nous les utilisons simplement comme carburant. Le sport et l’activité physique sont une finalité. Nous sommes programmés pour bouger beaucoup. Mais, lorsque nous avons des contractures, le fait d’ajouter des contractions aux contractures aggrave les boucles de la contracture et de la douleur. Nous devons d’abord lutter contre nos contractures musculaires avec notre fourchette et nos dents. C’est le premier sport. Ensuite, lorsque notre organisme nous le fera sentir, nous pourrons bouger et jouir pleinement d’un corps libéré. Nous découvrirons alors que les douleurs du lendemain d’une activité sportive ne sont pas obligatoires.
Vêtements
Les vêtements ne doivent pas gêner la bonne circulation de nos graisses dans la couche la plus profonde de notre peau. Évitons donc tous les vêtements compressifs : vêtements élastiques, bretelles, ceintures, etc.
Bain dérivatif
Le bain dérivatif est une technique ancestrale qui nous permet de lutter contre un état inflammatoire chronique et de favoriser une bonne circulation des graisses dans notre organisme. Elle consiste à refroidir le périnée avec des poches de gel adaptées. C’est une fonction physique automatique. Il n’y a pas besoin d’y croire. Le bain dérivatif, s’il est bien pratiqué, fonctionne toujours et plus nous le pratiquons, plus ses effets sont importants. Consultez à ce sujet notre article sur le bain dérivatif.